Arbouretum – Coming Out Of The Fog


Arbouretum-Coming-Out-of-the-FogPetit, on me racontait que les esprits, bons ou mauvais, s’impatientaient dans l’ombre, que la voix leur manquait, qu’ils s’écharpaient ou bien veillaient sur nous dans un monde semblable à celui du Beetle Juice de Tim Burton. On gobe un peu près tout lorsqu’on est pas plus haut que trois pommes. 25 ans et une cure de cartésianisme après, je me dis pourtant qu’il se cache une figure céleste, une incrustation spirituelle dans cette voix, qui récite des boucles de mots, enmurées, au pas de la porte de la perception, entrouverte vers une libération, délicates, bientôt en gravitation.

Le tangible c’est qu’il y a du Pearl Jam, du Stooges, du Queens Of The Stone Age sur ce Coming Out Of The Fog d’Arbouretum sorti chez Thrill Jockey Records en ce début d’année.

A l’aube, « The Promise » se balade sur des sentiers hypnotiques, en rotation permanente, tel un satellite en orbite, stationné au-dessus de nos têtes. Je ne sais quelle technique, quelle magie, quelconque esprit nous défierait de la sorte, avec une empathie sincère, quoique dérisoire et éphémère, mais qu’importe!

Ne pas intellectualiser la chose musicale. La dépeindre, la raconter au fil de l’écoute. Une écoute fragile, qui tient au fil de la voix de David Heumann, qui s’échappe, ressuscite le timbre tantôt plaintif, tantôt combatif du Jefferson Airplane sur « World Split Open » :

Oh! To go outside with the heart uncovered,
When the lamp is lit, see there is no other
To begin and then to find there is no time.

La balade « Ocean Don’t Sing » retrace la mélodie de « To Build A Home » de Patrick Watson/Cinematic Orchestra avec ce petit quelque chose à la Neil Young. Précise, feutrée et flamboyante quand vient la bonne heure.

Courte pause, les gars sortent les vibratos et harmoniques puis l’on s’envole avec « All At Once, The Turning Weather » et ses guitares rauques et abrasives, aiguisées comme des sitares sur la fin. Les solos, sont langoureux, se teintent progressivement, prennent forme sans à-coups. A l’inverse des explosions qu’ils voudraient suggérer dans nos esprits habitués à la chose, ils cristallisent la tension accumulée pour une décharge, une dose savoureuse qui pénètrent le corps musical (Heu, Mm… voici donc une belle image après tout!) pour un temps long, la descente étant repoussée au lendemain (je file la métaphore…).

Dernier blanc-saint tranquille et hypnotique avec « Coming Out Of The Fog » et voilà l’esprit chassé avant qu’il ne revienne nous hanter dans quelconque de nos excursions prochaines, loin de la surface terrestre de préférence, à vous de voir.

En écoute sur Spotify/Deezer (pas disponible pour le moment).

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